Le calendrier naturel des semis et plantations. 6


Quand on prend le temps d’observer la nature et d’apprendre à la connaitre, on se rend compte qu’elle a beaucoup de choses à nous dire !

Par exemple, les adventices qui poussent spontanément en grand nombre sur un sol nous dévoilent de précieuses informations concernant la santé de celui-ci, ce sont les plantes bioindicatrices. Prendre le temps de les écouter nous permet de mieux orienter nos choix de culture et d’amendements (*).

L’observation de cette Nature et de ses innombrables interactions nous dévoile aussi que certaines plantes s’entendent mieux qu’avec d’autres et qu’il est judicieux de savoir les associer pour en obtenir le meilleur.
Savoir tirer les enseignements de la Nature va nous permettre de recréer un environnement favorable et protecteur pour nos plantes. Ainsi pour jardiner avec la nature plutôt que contre elle, au verger on va créer des guildes de plantes compagnes aux pieds de nos arbres fruitiers (alliacées, consoude, raifort, rue, menthe, lupins, trèfles, …), tandis qu’au potager on va associer nos légumes entre eux mais aussi avec des fleurs et des plantes aromatiques.

Les jardiniers d’un autre temps savaient observer et écouter la Nature, leur sagesse nous est transmise au travers de dictons populaires, les fameux dictons des jardiniers comme le célèbre « à la sainte Catherine, tout arbre prend racine ». Et effectivement, à la Sainte Catherine, fin novembre, les arbres sont au repos et le sol est encore chaud, c’est le moment idéal pour planter les arbres et arbustes à racines nues qui auront ainsi tout l’hiver pour s’ancrer au sol.
Tout comme ces sages, réapprenons à observer et à écouter la Nature pour mieux nous ancrer dans le rythme naturel de nos vies…

À chaque mois correspond son lot de proverbes et citations issus de la sagesse paysanne. Tout un savoir traditionnel qu’il est bon de ne pas perdre même s’il ne faut pas toujours l’écouter à la lettre comme par exemple « Si on laboure en janvier, on a sept pains pour son dîner », du moins si on veut travailler avec un sol vivant ! Mieux vaut écouter l’adage qui dit « Mois de janvier laisse la terre se reposer ». Vous pouvez retrouver ces dictons via ce site.

Parmi ces dictons, de nombreux nous prédisent les récoltent à venir en fonction du temps qu’il fait. Par exemple « Neige en février, beau temps pour les blés » et effectivement, si une bonne couche de neige recouvre notre sol en février, l’eau chargée en azote qu’elle contient pourra s’infiltrer en douceur dans le sol au moment de sa fonte et ainsi permettre un bon développement des graminées, ce qui annonce une belle récolte de blés.

Nos anciens avaient ainsi toute une série de repères offerts par la Nature qu’ils écoutaient avec sagesse notamment pour savoir quand commencer leurs semis et plantations.
Et ils avaient raison de s’y fier car la Nature ne se trompe jamais, contrairement à nous !
Après tout, le printemps ne débute pas spécialement le 1 mars (printemps météorologique) ni le 20 ou 21 mars (printemps calendaire), mais bien quand la nature se réveille ! Et qui mieux qu’elle peut nous le signaler ?

Cornouiller mâle (Cornus mas).

On appelle ces signaux de la nature des repères phénologiques et ils sont d’importance car ils nous indiquent quand les conditions sont réunies pour réussir nos semis, particulièrement la température du sol. Mieux que le calendrier qui orne nos murs, ces repères phénologiques vont ainsi nous guider tout au long de l’année et surtout au printemps :

La floraison du cornouiller mâle (février-mars) indique la fin des plantations d’arbres et arbustes en racines nues ;

La floraison des saules ou des forsythia (février-mars), nous indique que l’on peut semer les fèves et pois à grains ronds en pleine terre et tenter les premiers légumes-feuilles sous châssis ainsi que la plantation d’ail, d’oignons et d’échalotes.

Lorsque le gazon a commencé à bien pousser et qu’il est suffisamment haut que pour avoir sa première tonte (mars), c’est que le sol est prêt pour accueillir les semis de radis, épinards, laitue, poireaux et de persil et pour la plantation d’oignons et échalotes.

Lors de la floraison des narcisses (mars-avril) on peut commencer les semis de salades, navets, radis, choux-raves, persil ainsi que ceux, au chaud, des aubergines, piments et poivrons, et des tomates.

À la floraison des pommiers (mars-avril), le sol est suffisamment réchauffé que pour semer les bettes, betteraves, carottes, choux et céleri.

La floraison du lilas et du cerisier (avril-mai) nous indique que c’est le moment de planter les tubercules de pommes-de-terres et de faire les semis sous abri de concombres, courges, melons, choux, et du basilic.

La floraison des roses (mai-juin) nous annonce que le sol a atteint 20°C. C’est le moment de planter les aubergines, tomates, piments/poivrons, courges et courgettes, et de commencer les semis de haricots.

Lilas (Syringa vulgaris).

Surveillez donc les différentes floraisons qui ont lieu autour de votre jardin, ce sont de précieuses indications concernant vos conditions locales de culture. Chacune d’entre elles est un indicateur de la température du sol (forsythia : 6°C ; narcisses et pommiers : 12°C ; lilas : 15-18 °C ; roses : 20°C) mais aussi d’autres signaux dont la nature seule à le secret.

Toutefois avant de vous précipiter pour semer vos légumes dès la vue du premier pommier en fleurs, méfiez-vous car vous pourriez mal interpréter ces repères phénologiques.

Les plantes fleurissent selon les conditions locales qu’elles rencontrent et celles-ci peuvent varier fortement selon les endroits même s’ils sont proches géographiquement (région, exposition au soleil et aux vents, fond de vallée, microclimat, …). L’idéal pour ne pas être induit en erreur est de posséder ces plantes repères au sein même de votre jardin et non pas de vous fier à celles observées quelques kilomètres (et parfois mètres) plus loin.

Tout comme la localisation de la plante repère, en connaitre sa variété est aussi important, du moins, savoir si c’est une variété précoce ou tardive. En effet, les floraisons des variétés précoces ou tardives de certaines plantes pourraient vous induire en erreur ; par exemple, je sais bien que ce n’est pas la floraison du cerisier de mon jardin que je dois surveiller, mais celle du cerisier voisin, le mien est une variété précoce qui fleurit bien plus tôt alors que les conditions sont exactement les mêmes.

Cerisier (Prunus cerasus).

De même, le moment de la première tonte de la pelouse est très variable. On sort sa tondeuse selon sa tolérance à la hauteur de l’herbe (et je suis très tolérante), mais en plus il se peut que des tondeuses naturelles viennent brouiller ce repère (mes 2 oies retardent considérablement la sortie de la tondeuse…).

Vous aurez aussi constaté que certains légumes ont plusieurs repères phénologique différents, c’est tout simplement parce que ces floraisons repères se succèdent de manière plus ou moins proches dans le temps et que l’on peut aussi jouer avec différentes variétés de légumes plus ou moins résistantes au froid et avec des protections contre les gelées tardives (paillage, voile d’hivernage, châssis, …).


Quoiqu’il en soit, continuez à surveiller la météo durant les mois critiques de fin d’hiver et de printemps et ajuster vos protections en fonction ! De nouveau, les dictons populaires nous mettent en garde avec notamment « Attention, le premier des saints de glace, Souvent tu en gardes la trace » et « Tant que mai n’est pas au vingt-huit, l’hiver n’est pas tout à fait ».
N’oubliez pas non plus que rien ne sert de se presser, un semis trop tardif vaut mieux qu’un semis trop précoce. Les repères phénologiques indique le début des périodes de semis/plantations, pas leur fin…
Un conseil si vous souhaitez être sûr de faire vos semis au bon moment : Ne réalisez pas tous vos semis d’un type de légume en une fois mais échelonnez-les avec 1 semaine ou 15 jours d’intervalle. Non seulement vous êtes certains d’en faire au moins une série au bon moment, mais en plus vous allez étaler vos récoltes (ce qui vous évitera une overdose de petits pois à écosser par exemple…).

Il existe aussi d’autres repères pénologiques que la floraison ou le débourrement des plantes ;
le chant de certains oiseaux, par exemple, est aussi annonciateur du lancement de certains semis.
Mais la littérature sur le sujet est encore plus rare que celle sur les plantes-repères, je sais juste vous dire que le chant du coucou est annonciateur du printemps… Si vous en connaissez d’autres, c’est le moment de partager votre savoir.


Et qui sait, avec le temps et beaucoup d’observations, vous allez peut-être découvrir d’autres repères phénologiques propres à votre terrain. Chez moi par exemple, je sais que quand les tortues sortent de l’étang après leur hibernation pour aller bronzer sur leur plage, c’est que je peux commencer à semer mes fèves!

La Nature suit son rythme : le repos en hiver, le réveil au printemps (en douceur d’abord puis très énergique), la fructification en été et l’engrangement des réserves en automne. Apprenons ou réapprenons à suivre son rythme, au jardin, mais aussi dans la vie de tous les jours. Dans notre société perturbée, il est plus que nécessaire de se reconnecter à la Nature…

Votre coach, Harmony

PS : Vous avez envie de vous reconnecter à la Nature et besoin d’un coup de pouce pour vous lancer ? Alors sachez que je vous propose des ateliers thématiques sur le jardinage au naturel  et les bienfaits des plantes tout au long de l’année à Marneffe (entre Liège et Namur).


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6 commentaires sur “Le calendrier naturel des semis et plantations.

      • Coly

        Très judicieux ! À 71 ans, je cultive mon potager, depuis 50 ans, de façon naturelle, sans engrais chimiques, pour préserver la vie du sol qui grouille de vers grâce aux apports de compost, de broyat et de paillage. Il faut respecter la Nature et tous les habitants du potager, notamment les vers et les oiseaux. Si les limaces et escargots sont une plaie, j’utilise des purins et décoctions naturelles ou associe des plantes bénéfiques. Je tolère même une taupe qui aère mon sol; ce doit être une « mémère » qui se trouve bien ici! Contre les rats qui avaient commencé à squatter mon potager pour se régaler des courgettes et potimarrons, j’ai pris l’habitude de recycler la litière du chat qui, du même temps, allège ma terre argileuse, et tiens les rats à l’écart ! Pas de motoculteur mais un bêchage léger et un désherbage manuel.
        Merci Harmony pour votre site que je découvre et que je partage ❤️❤️❤️